Le 30 novembre 2016, l’Institut de l’Entreprise, présidé par Xavier Huillard, invitait plusieurs dirigeants d’entreprises, économistes ou experts, à présenter leur contribution au débat présidentiel. Voici ma déclaration à cette occasion.
Françaises, Français,
Il nous arrive cette chose affreuse, que Marc Bloch dénonçait au soir de la débâcle de juin 40, que le sort de la France n’est plus entre les mains des Français.
Une entreprise agroalimentaire qui s’interroge sur une implantation en Iran se voit répondre par un fonctionnaire du Quai d’Orsay que mieux vaut aller voir l’ambassade des États-Unis.
Le Président d’une banque française annonce que son entreprise se met totalement en conformité avec les lois américaines et suit les directives du « Department of justice » américain.
L’ancien président de Shell, M. Peter Sutherland, reconverti dans l’organisation des migrations, donne l’ordre aux Nations européennes d’abandonner leur unité nationale, aux entreprises de faire de la diversité le premier critère de leurs recrutements. Et il est obéi.
Je pourrais multiplier les exemples, tous disent la même chose. La France est menacée dans sa souveraineté, donc dans sa démocratie ; le pouvoir des Français de décider de leur destin. Et elle est menacée dans sa souveraineté économique, par un libre échangisme naïf, par un économisme perverti, qui réduit le monde à ses quantités, par un globalisme agressif qui travaille à faire un monde plat.
Je ne l’accepte pas. Je veux rendre à la France sa souveraineté économique.
Renouer le lien entre les entreprises et les Français
Ce lien que les errements fiscaux et les dérives de l’assistance, comme l’agression de la finance globale et les illusions du libre-échange ont rompu. La France n’est rien sans des entreprises porteuses des préférences des Français et de la marque France, prospères et rayonnantes dans le monde. Mais les entreprises françaises ne sont rien si le cadre légal, fiscal et social leur est imposé de l’extérieur, et leur pérennité est en danger si leur réussite n’est pas la réussite de tous les Français. Je fixerai à mon gouvernement l’objectif qu’un Français sur deux soit associé direct d’une entreprise française, grande ou petite. Le renouveau de l’actionnariat populaire est une priorité.
La redécouverte du sociétariat l’est tout autant, c’est la voie nationale de l’ouverture du capital des sociétés exploitant les monopoles naturels et les infrastructures de la France. Une entreprise française est d’abord une entreprise dont la majorité des associés sont français, qui les connaît, qui les considère et qui les rémunère. Je corrigerai les dérives de la fiscalité sur le capital et de ses revenus, de manière à favoriser la détention longue des actions et la qualité d’associé en entreprise.
Définir des critères et des indicateurs de la Responsabilité nationale et environnementale des entreprises
Mon gouvernement définira des critères et des indicateurs de la Responsabilité nationale et environnementale des entreprises, qui remplaceront la Responsabilité sociétale et environnementale (RSE) et feront l’objet d’une déclaration annuelle. Des officines diverses, à la solde de Fondations et d’ONG mondialistes, imposent aux entreprises des indicateurs et des critères qui visent à détruire l’identité nationale, à mettre sous contrôle notre indépendance nucléaire, à renoncer à nos préférences collectives.
Au nom de la diversité individuelle, elles imposent un agenda qui fait de la terre, de la mer, des hommes et de la vie elle-même des marchandises comme les autres. Elles agitent des minorités agressives qui vident de leur sens les mandats politiques et terrorisent la majorité. Je libérerai les entreprises françaises du carcan idéologique qui leur interdit d’embaucher qui elles veulent, de servir d’abord leur territoire et de préférer la France, son unité, ses citoyens et son intérêt national. La responsabilité de l’entreprise est de respecter les valeurs et les préférences collectives, de protéger nos biens communs à tous et de servir les choix politiques des Français.
Réarmer la France dans la Guerre économique
Je demanderai que soit engagé le réarmement de la France dans le domaine de la guerre économique. La guerre économique est une guerre du droit, une guerre des indicateurs et des classements, une guerre de l’influence et de l’information. Une Autorité de la Sécurité Economique dotée de moyens d’enquête étendus, ceux du parquet financier, ceux de la cybersécurité, ceux de l’Autorité des Marchés Financiers, sera le moyen de contrôler toute opération de capital étranger en France et de promouvoir ses intérêts stratégiques, comme le font l’OFAC et l’Advocacy Center aux États-Unis, de protéger les secteurs en émergence ou en renouveau, de défendre la diversité de notre tissu économique.
Elle pourra interdire de manière discrétionnaire toute prise de contrôle d’une société française par des capitaux étrangers. Elle interdira la communication de tout document comptable, technique ou commercial par une entreprise française à des agents étrangers, à des sociétés de service rapportant à des gouvernements étrangers, sauf si un tribunal français en a décidé autrement. Un Commissariat à la stratégie économique rattaché au Premier ministre réunira tous les moyens de l’État pour servir les projets des entreprises, petites ou grandes, qui lui seront soumis et qui seront jugés d’intérêt national. Il disposera notamment des moyens du Fonds souverain, constitué à partir du désengagement de l’État du capital d’entreprises où il est inactif, impuissant ou incompétent. L’État actionnaire est trop souvent mauvais actionnaire, c’est par la loi, la norme et la force qu’il affirmera son autorité et remplira sa mission de sûreté économique des acteurs français.
Le patriotisme économique
J’affirmerai un patriotisme économique sans tabous et sans préjugés. Partout où c’est possible, le plus de marché, de concurrence et d’ouverture ! Partout où l’intérêt national est en jeu, la coopération de tous les moyens publics et privés pour remporter des contrats, garantir l’indépendance de nos entreprises, éliminer les prédateurs. Ce n’est pas se fermer au monde, c’est le regarder comme il va ! Voyez l’Inde de Narendra Modi, la Chine de Xi Jin Ping, Israël, the entrepreneurial State, voyez le Royaume-Uni du Brexit et les États-Unis de Donald Trump !
La page du libéralisme naïf est tournée, ce n’est pas le protectionnisme qui le remplace, c’est la maîtrise des échanges. Le chapitre de la mondialisation naïve se ferme. Il a enrichi des centaines de millions de paysans asiatiques, ce n’est pas le problème d’un président français. Il a placé quelques multinationales et une poignée de dirigeants au-dessus des États, c’est un problème que la France doit résoudre. Et il a réduit au chômage, bouché l’avenir de millions d’ouvriers et de paysans, il appauvrit et fait douter de l’avenir ces classes moyennes qui sont le creuset de nos démocraties.
Je ne l’accepte pas.
Mon projet économique doit réveiller la confiance, le désir et l’envie de France. Les experts hors sol qui nient la vertu des frontières, réduisent les identités à un archaïsme et les singularités nationales à des accidents de l’histoire, sont responsables des échecs constants de la politique économique. Que nous disent les États-Unis ? Agissons comme ils agissent, pas comme ils nous disent d’agir. La France et les Français d’abord ; pour celui qui conduit le destin de la France, il ne peut y avoir d’autre principe, il ne peut y avoir d’autre politique.
Le patriotisme économique est la voie du redressement des entreprises françaises, inséparable d’un État fort pour faire respecter les règles du marché à l’intérieur, pour promouvoir et pour défendre les entreprises françaises à l’extérieur. Et il est le moyen d’un élan collectif qui rendra à la France sa productivité et sa compétitivité, grâce à ses deux grandes oubliées de la mondialisation ; la confiance et l’unité.
La France ne gagnera pas si elle n’est pas la France, Les Français ne gagneront pas s’ils ne savent plus dire nous avec confiance, avec fierté, avec engagement. Je suis du parti de la France. Chaque fois que c’est possible, le plus de marché possible. Mais chaque fois que l’intérêt national est en jeu, que l’autorité de l’État, l’esprit d’entreprendre et la volonté de la Nation ne fassent qu’un et s’accordent strictement, pour que la France gagne, pour que les entreprises de France gagnent, pour que le peuple de France gagne !
Hervé Juvin
1 commentaire
Juvin, président ! Juvin, président ! - Le Salon Beige · 4 mars 2019 à 19 h 21 min
[…] Enfin, c’est comme si… Hervé Juvin, essayiste, géopolitologue et homme d’affaire, mais aussi candidat RN aux européennes 2019, met en ligne sur son nouveau blog un bref discours qu’il a tenu en 2016 à l’Institut de l’entreprise. Le texte est ici. […]