La gauche qui a trahi le peuple et la droite qui a trahi la France ont trouvé un ennemi commun ; la Nation.
Elles ont aussi trouvé leur champion ; le Président Emmanuel Macron, un Président bien décidé à honorer le mandat donné par ceux qui ont assuré son élection ; en finir avec la France, comme liberté, comme résistance et comme unité.
Réveillons-nous de notre sommeil stratégique et de notre anesthésie politique !
La Nation est la forme politique de la modernité. C’est aussi celle de la démocratie, et celle des libertés publiques, l’une et l’autre gravement menacées en France aujourd’hui (1). Ceux qui défendent la Nation, ceux qui se battent pour l’indépendance et la souveraineté, ceux qui savent que la France est ce qu’ils ont de meilleur, le plus précieux de nos héritages et le plus beau patrimoine que nous avons à transmettre, peuvent être fiers. Car ils font l’histoire ; car la Nation a tout l’avenir devant elle.
Quarante années d’abandons, de renoncements et de lâchetés
Quarante années d’abandons, de renoncements et de lâchetés expliquent le désarroi national passé.
La faute au nationalisme
Tout commence avec l’erreur historique qui consiste à accuser le nationalisme des deux guerres mondiales qui ont détruit l’Europe. Erreur dans le cas de la Première guette mondiale ; Reich allemand ou Autriche-Hongrie, ce ne sont pas des Nations matures, mais des Empires incapables de stabiliser leur forme politique qui portent la responsabilité de la guerre. Erreur encore dans le cas de la Seconde Guerre mondiale, le chancelier Adolf Hitler ayant à plusieurs reprises, et notamment dans un discours au Bundestag, affirmé la supériorité de l’État racial sur la Nation (2).
L’avènement de l’économie globalisé
Tout continue avec l’avènement de l’économie globalisée. Pour l’entreprise qui se veut mondiale, ce qui donne aux peuples la capacité de décider des lois sur leur territoire, et aux États le pouvoir de défendre l’intérêt national, c’est-à-dire la Nation, représente l’ennemi principal.
Entreprises en quête d’esclaves et capitaux baladeurs trouvent un allié ; la construction européenne, sous le nom d’Union européenne, va servir de paravent à la course au moins-disant engagée dès la fin des années 1970. Du Traité de l’Élysée (1963) à l’Acte Unique (négocié par la droite en 1986, signé par la gauche en 1987), puis au Traité de Maastricht (1992), c’est moins l’édification d’une Europe européenne, indépendante et forte qui se joue que la reddition de l’Europe à des intérêts privés. L’Europe est réduite à un marché ouvert, ses Nations à une poussière d’individus désunis. Tour à tour, en France, des partis qui se disent républicains et d’autres qui se disent socialistes vont s’employer à cette tâche, avec une réussite notoire pour les seconds ; aucun gouvernement n’a autant privatisé que celui de M. Lionel Jospin !
Le naufrage socialiste moderne est le naufrage de tous ceux qui ont cru pouvoir séparer l’économie de la société et soumettre le citoyen français à l’individu, migrant de préférence. L’affirmation du même Lionel Jospin, acceptant l’économie de marché et rejetant la société de marché, reste comme l’une des pires sottises par lesquelles le socialisme s’est condamné lui-même. La réalité est que le capitalisme a trouvé dans la conjonction entre l’individualisme moderne, porté par les libéraux, et le libertarisme des minorités qui a remplacé chez les socialistes la défense du peuple, devenu infréquentable depuis qu’il demande sécurité et tenue des frontières, le moyen de s’approprier la société et d’en finir avec le politique (3).
Sans les limites que la religion, la citoyenneté ou la conscience politique imposaient, le capitalisme est la société. ll produit la société qui sert ses intérêts, à travers les trois dispositifs que sont :
- le déracinement et le nomadisme comme modèle humain universel ; qu’ils sont ringards, ceux qui se disent de quelque part ! Les grandes entreprises industrielles ont imposé le recours à l’immigration de travail, d’abord, puis le regroupement familial et l’immigration de peuplement, ce sont elles qui, au nom de la « RSE », font la promotion de la diversité individuelle contre l’unité nationale, et des droits des minorités contre le principe majoritaire.
- L’expulsion de la nature et la fin des « communs » comme modèle d’affaires ; quand la reproduction humaine elle-même devient un processus industriel, quelles opportunités de marché s’ouvrent !
- L’extinction des cultures singulières et l’avènement de la conformité comme principe juridique. Le droit est chargé de faire coexister ensemble les individus que n’unissent plus l’histoire, la frontière ou la citoyenneté. Il n’est plus question que les peuples fassent la loi sur leur sol !
La démocratie planétaire
Tout se poursuit avec le double phénomène de la globalisation et de la financiarisation. Après 1990, la chute du communisme fait rêver les naïfs de la démocratie planétaire. Dans la réalité, c’est l’exploitation universelle des ressources qui s’avance ; plus aucune terre, plus aucun océan, et jusqu’à l’eau, l’air et la vie ne demeurent étrangers au marché. Tous sont enrôlés dans la course au profit. Communisme et capitalisme ont également exploité ce qu’ils pouvaient ; mais les frontières nationales et la diversité des régimes politiques limitaient l’emprise des sociétés exploitantes. La globalisation, capacité donnée aux entreprises privées d’agir partout dans le monde, ouvre des champs d’exploitation jusqu’alors interdits. Quel plus bel exemple que cette carte des ressources minières de l’Afrique publiée par Google, et qui s’affiche comme un appel au pillage ; que pas une forêt, pas une terre, que pas un atome n’échappe à leur exploitation ! Voilà ce que les professionnels appellent « commoditisation » (4) ; tout a un prix, tout peut s’échanger contre de l’argent, tout peut s’acheter ou se vendre. Et voilà le seul vrai scandale pour le capitalisme autoritaire actuel est que demeurent des biens, des sentiments ou des relations gratuites !
Il ne durera pas. L’injonction de rendre payant tout ce qui était naturel, donné, gratuit, fonctionne. Ce qui signifie que tout peut être détruit. Il suffit de payer.
Qui a parlé d’un nouveau totalitarisme ? Le moment politique, c’est le moment national !
J’ai publié en mai 2018 « Le Moment Politique ».
J’aurais pu l’appeler : « Le Moment National ».
C’est la même chose. Nous en sommes au moment où seule, la Nation peut rendre au peuple ses droits, au politique sa primauté, pour faire rentrer le capitalisme dans son lit, et mettre l’économie au service du progrès pour tous. C’est la contradiction éclatante dans laquelle se noient les écologistes ; les problèmes écologiques sont globaux, mais seules les Nations peuvent imposer aux entreprises et aux investisseurs les limites qui préserveront les ressources, la vie, et la dignité humaine. Tout écologiste lucide est un militant qui s’ignore de Nations fortes, en pleine possession de leur territoire.
Nous en sommes au moment où l’extension illimitée du capitalisme libéré de toute entrave et de toute frontière détruit et la démocratie, et la politique, jusqu’au moment où la passion nationale, la fierté nationale et l’intérêt national l’arrêtent. Car le moment politique est appelé par le moment du capitalisme illibéral — le moment où le capitalisme de la surveillance et de l’obéissance dicte sa loi aux sociétés et aux régimes politiques.
C’est le moment où la Nation, avec le récit qui unit, avec la frontière qui protège, redevient le nom de la liberté, de l’espoir et de la sécurité. Le moment où les constructions supranationales s’effondrent avec les rêves post-nationaux, comme le montrent les exemples de l’OMC, du FMI, des accords multilatéraux, ou de la Cour pénale internationale. Le moment où la seule voie pour l’Union européenne est de servir l’intérêt des Nations, la souveraineté des Nations, en réalisant l’Alliance européenne des Nations.
Le moment est national ! La Nation n’était jamais partie ; en témoigne la multiplication par trois du nombre de Nations siégeant à l’ONU depuis sa création. Elles étaient 60, elles sont près de 200. En témoignent aussi les multiples luttes qui, de la Palestine aux Karens, répètent qu’elle n’est pas donnée à tout le monde, la chance d’avoir une Nation, et qu’ils sont des millions à se battre, à souffrir et à mourir pour elle ! La nouveauté est qu’elle redevient actuelle là où le mot était interdit. Peu importe d’ailleurs qu’elle s’appelle Nation ou patrie !
Dans un laborieux discours (5), Emmanuel Macron avait tenté de clarifier l’opposition qui sépare patriotisme et nationalisme. Sans grand résultat, les contradictions ou les raccourcis ôtant toute portée à la démonstration. Sans grand succès non plus, le conformisme des arguments enlevant tout crédit à la thèse. N’est pas Raymond Aron qui veut. Sans aucune pertinence pour l’avenir, surtout. Car dans ces temps de grande confusion et d’illusionnisme érigé en méthode, il vaut la peine de la rappeler ; c’est bien au nom du « British spirit » et d’un nationalisme britannique jamais démenti que la bataille d’Angleterre fut livrée, et gagnée.
Car ce n’est pas au nom des Droits de l’homme que des résistants se sont opposés à l’occupation allemande, c’est au nom de la France libre, d’une France qui ne peut tolérer la déportation des citoyens français de confession juive et la loi de l’étranger sur son sol (6), et c’est au nom de la Nation qu’ils ont pris les armes !
Derrière les tentatives avortées d’en finir avec la Nation, Il y a l’idée que plus rien n’arrête l’investisseur, le fonds d’investissement, dans leur quête du « toujours plus ». Il y a le projet, inclus dans les traités de libre-échange signés par l’Union européenne, que des tribunaux d’arbitrage supérieurs aux Nations feront prévaloir la rentabilité du capital sur la volonté des peuples. L’entreprise de destruction des Nations à laquelle seule l’Union européenne demeure encore soumise, est la forme totalitaire de notre temps ; car la Nation souveraine en ses frontières est la seule garante de la démocratie.
Et ceux qui veulent dissoudre la Nation dans le grand tout mondialisé, ceux qui insultent l’histoire de France et veulent en finir avec les citoyens pour mieux les remplacer par des individus isolés savent bien à quoi ils sont confrontés ; à la liberté, à l’indépendance, à la résistance que la Nation rend possible. Voilà pourquoi il faut en finir avec elle ! Voilà pourquoi fonds d’investissement, banques internationales, maîtres du capital et des réseaux ont missionné les gouvernants de l’Union européenne et de la France ; pour soumettre les Nations et réduire toute résistance populaire (7).
Ils devraient avoir l’oreille plus fine. Car leur combat est perdu d’avance. Car leur idéologie supranationale d’abord, post nationale ensuite, à la fin mondialiste et post-humaine, est morte avant d’avoir vu le jour. Il ne s’agit plus seulement de citer Donald Trump (8), affirmant qu’il faut être fier d’être nationaliste, et qu’un pays qui ne tient pas sa frontière se condamne, ou Xi Jin Ping affirmant haut et fort que le « rêve chinois » va porter dans le monde l’affirmation nationale de la Chine ! Il s’agit de travaux universitaires, d’essais et de thèses, qui renouvellent tout ce qui était affirmé contre la Nation et suscitent une prise de conscience de la modernité, voire de l’urgence de l’idée nationale.
Ce n’est pas un hasard si la réflexion est partie de pays où l’idée nationale répond à des urgences politiques, démographiques ou stratégiques majeures — où la survie du corps politique est en jeu.
D’Allemagne d’abord, où les ravages du « patriotisme constitutionnel » d’un Jurgen Habermas et de ses acolytes, degré zéro de la politique, ont épargné quelques survivants, notamment des sociologues (9) qui ont commencé à plaider pour la primauté de la société sur l’économie, à critiquer la prise de contrôle de tous les mécanismes sociaux par le capitalisme de marché, et à explorer l’idée que la réalité concrète, géographique, historique, culturelle et linguistique de la Nation avait quelque chose à voir avec la constitution du corps politique (nous aurons à reparler de la fin de l’Ordoliberalismus allemand, et des conséquences majeures pour l’Europe de l’accord entre Mme Merkel et M. Macron sur ce sujet). Ce n’est pas par hasard qu’après la percée de l’Afd, la gauche allemande elle aussi réhabilite la notion de frontières et réinterroge celle de citoyenneté !
D’Italie et de France aussi. Un profond sentiment national a sauvé les meilleurs des penseurs de la politique d’accorder au catéchisme européen une attention qu’il ne mérite pas. Ce sentiment oppose à la propagande multiculturaliste et sans frontiériste le sens commun et la mémoire d’une longue histoire. De Luca Gallesi (10) à Marcel Gauchet (11) et de Pierre Manent à Rémi Brague, Paul Thibaud (12) ou Vincent Coussedière, ils sont nombreux à travailler sur la consistance de la forme politique qu’est la Nation, et à dénoncer le grand mensonge européen et ses relais ; partout dans le monde, la Nation est la forme politique de la modernité, et l’État Nation n’est pas aujourd’hui dissociable de la démocratie (13). Les penseurs français devraient illustrer dans le monde non plus la résistance, mais la victoire de la forme nationale, renouvelée, réinventée par la globalisation. Ils ont toutes les raisons de le faire, la France ayant été le premier État Nation au monde, et la France ayant été la seule, depuis l’origine, à vouloir que l’Europe devienne l’Alliance des États Nations européens, pas le cheval de Troie des intérêts américains (14).
Pourtant, ce n’est pas en France, c’est aux États-Unis et c’est en Israël que sont publiés aujourd’hui les travaux qui renouvellent le débat et donnent à la Nation son actualité. Tout part de la loi sur la « singularité de la Nation » votée par la Knesset l’été dernier (15). La loi affirme le caractère intangible de l’État hébreu, dans sa singularité d’État juif, et dans son unité interne, construite autour de l’identité juive. Elle affirme qu’Israël représente un élément de diversité durable dans un univers géopolitique totalement dominé par des États musulmans (la loi entend prévenir la submersion démographique d’Israël, à terme probable, due à la natalité des populations musulmanes). Tout se poursuit avec l’actualisation dans les universités et les revues américaines du sujet national. Ce n’est pas un hasard si la prestigieuse revue « Foreign Affairs » publie dans son numéro du premier trimestre 2019 un dossier entier sur le thème de la Nation ; pas un hasard non plus si l’un des livres les plus remarqués de la rentre 2018 a été l’œuvre d’un universitaire israélien, Yoram Hazomi, à la fois sévère critique des dérives du libéralisme de l’individu et des naufrages politiques qu’il prépare, et appel vibrant à reprendre les notions de Nation et d’État-nation comme formes politiques pertinentes des temps présents (16).
Quand l’intérêt national commande !
Le paradoxe veut que l’Union européenne, par ses excès et ses dérives, a probablement aidé les Nations qui la composent à progresser vers cette maturité ; aucune Nation européenne ne rêve de conquérir sa voisine, mais chacune sent davantage qu’il y a trente ans en quoi elle est singulière, en quoi elle est unique, et est bien décidée à demeurer ce qu’elle est ! Les Italiens sont Italiens, les Polonais, Polonais, comme les Français sont Français, Erasmus n’y change rien, et la pression unificatrice de l’Union européenne les a renforcés dans leur identité nationale !
Nous n’allons pas nous en plaindre ! Bien au contraire, puisque la Nation est la formule capable de rendre aux vieux mots de progrès, de liberté et de démocratie le sens qu’ils ont perdu.
La Nation est le seul cadre où l’action collective peut décider de l’avenir.
Dans le grand vertige européen, dans le « malheur français », le sentiment d’avoir perdu la maîtrise du destin collectif est central. S’y ajoute ce constat ; les élites font semblant de gouverner une situation où tout est imposé de l’extérieur —la seule différence est qu’elles y gagnent ! Une telle situation est intolérable à des peuples aussi politiques que les Français ou les Britanniques.
Cette situation vient directement de l’idéologie individualiste dans laquelle l’individu, tout individu, a des droits supérieurs au citoyen. La différence, généralement oubliée, est que l’individu n’est responsable de rien, quand le citoyen est co-responsable du bien collectif. Et c’est l’une des faillites collectives de l’Europe ; la supériorité de l’individu est mise en œuvre par des institutions supranationales, comme la CJUE, la CEDH, mais aussi par des magistrats imbus de cette certitude ; ils jugent au nom de l’humanité ! La volonté de soumettre les Nations s’exprime dans les statuts prévoyant l’indépendance de la Banque centrale européenne, explicitement voulue pour la protéger des intérêts nationaux, comme si les États et les Nations étaient les ennemis de la monnaie, comme si des banquiers privés pouvaient prétendre à mieux servir le bien commun, indépendants qu’ils sont — et surtout de l’intérêt collectif !
Cette situation provoque la colère, elle appelle une réponse. Le seul projet politique est de reprendre le pouvoir qui nous a été confisqué ! Cette réponse ne peut être que politique, et c’est l’affirmation de la citoyenneté comme co-responsabilité des affaires publiques, et le retour à la démocratie comme capacité du peuple à faire la loi, à tenir son territoire, à décider de la politique suivie et comme capacité à agir pour soi et sur soi. Les moyens ne manquent pas de renouveler la participation des citoyens à la vie publique, la volonté, si (en témoigne la suppression récente des Enquêtes d’utilité publique en France) ! Cette réponse comporte aussi l’affirmation de l’autorité de l’État. Dans la globalisation, seules des Nations réalisant leur projet et seuls, des citoyens partageant la responsabilité de la décision publique peuvent retrouver une capacité à agir au service de l’intérêt national. Et seuls, ils peuvent imposer des règles et des limites à un capitalisme illibéral qui, par son pouvoir financier, par sa concentration des pouvoirs et par la tenue des réseaux d’information, est désormais en situation d’exiger l’obéissance aux sociétés libéralisées, dénationalisées, celles qui ont sacrifié le citoyen à l’individu et la Nation au droit.
La Nation est le lieu d’équilibre entre la liberté économique et l’intérêt collectif. Elle est le lieu où l’histoire, le droit et la liberté se rencontrent. Il n’en est plus d’autres.
La souveraineté nationale est la condition de la démocratie.
La souveraineté nationale a fait l’objet d’atteintes constantes depuis cinquante ans. Et la lucidité prévaut désormais ; sous couvert de Droits de l’Homme, de devoir d’ingérence, de responsabilité de protéger, sous les prétextes de mieux gérer, de faciliter les échanges, de réduire les coûts, un déni de souveraineté a peu à peu fait d’un libéralisme saisi par le marché le moyen d’un capitalisme illibéral qui entend dicter sa loi au politique, entraver les Nations et en finir avec le suffrage universel. Les effets sont là ; montée de l’insécurité, immigration de masse, manipulations de l’information, montée de la censure, et pour finir, occupation des territoires par leur exploitation.
Seul, l’exercice de la souveraineté rend au politique la primauté sur l’économie.
Quand l’économie commande le politique, comme c’est le cas depuis trop d’années, l’économie tue la démocratie, elle confisque le progrès au profit du plus petit nombre, elle instaure un capitalisme de l’obéissance, et à la fin elle entraînera la guerre de tous contre tous.
Voilà qui appelle le retour de la Nation. La Nation, dans toute l’étendue de ses prérogatives, dans toute la puissance de sa forme politique. L’État Nation dans ses frontières, maître des lois qui s’appliquent sur son territoire et des conditions d’accès des biens, des services, des capitaux et des hommes à ce territoire, passe les rênes de l’intérêt national à l’économie. L’État, garant de la compétitivité nationale par les infrastructures territoriales, environnementales et sociales, par l’éducation et la formation, par l’ordre et la sécurité, par l’administration de la justice, de l’impôt et de la loi, assure que, dans tous les domaines, l’économie sert les priorités nationales.
C’est au politique de fixer les voies et de disposer des moyens par lesquels l’économie, donc l’entreprise, l’épargne et l’investissement, la banque et la gestion de capitaux, vont servir l’intérêt collectif à court, moyen et long terme.
Et c’est au politique d’exprimer la volonté nationale et les choix démocratiques dans le domaine de l’économie. Politique industrielle, politique des revenus, de l’emploi et des prix ne sont pas des gros mots ! Et la force de l’idée nationale est la seule qui puisse, après la sortie de la religion opérée par les sociétés occidentales, après la chute des idéologies totalitaires, poser devant l’extension indéfinie du marché les limites au-delà desquelles la croissance mangera le monde.
La Nation assure l’égalité devant la loi
Seul, le cadre national assure l’égalité réelle entre les citoyens, bien loin de l’égalité formelle que les Déclarations des droits de l’Homme assurent aux individus. Que signifie l’égalité entre ceux qui ne parlent pas la même langue, qui vivent sous des climats, dans des milieux différents, qui n’ont ni la même histoire ni des idées communes ? L’exercice de la souveraineté nationale permet aux préférences collectives de s’exprimer par la loi, par les jugements et par le règlement des conflits. Les institutions supranationales prétendent acquérir la capacité de faire la loi entre experts, sans les peuples, et très vite, contre les peuples.
La Nation est le seul cadre légitime de l’élaboration et de l’application de la loi, dans les conditions que les Constitutions stipulent. L’indépendance nationale s’exprime dans la capacité des peuples à décider de leurs lois, de l’impôt et des taxes, des normes et des qualités. Elle prime sur l’intérêt des acteurs de marché, entreprises et investisseurs.
L’État au service de la Nation et au nom du peuple souverain tient le droit, la frontière et le marché, ou bien il détruit la Nation. L’état de droit est imposé comme mise sous tutelle de l’État, des institutions et de la volonté populaire par des principes importés de l’extérieur, alignés sur les pratiques juridiques de la puissance dominante anglo-américaine, et radicalement indifférents à l’œuvre historique d’élaboration du droit à partir des mœurs, des traditions et des singularités nationales. Et ce paradoxe est à l’œuvre ; dans un pays comme la France, où l’État a constitué la Nation, l’État se retourne aujourd’hui contre la Nation, contre l’unité nationale, contre l’égalité, la liberté et la fraternité entre citoyens, l’État soumet la France à la loi de l’étranger (17) ! Une nouvelle hétéronomie est à l’œuvre, cette loi venue d’en haut, supposée au-dessus des Nations, de l’histoire comme de la justice.
Le droit ne procède pas d’une révélation divine, mais de l’élaboration historique par chaque Nation des règles qui assurent la sécurité, la pérennité et la confiance entre les citoyens. Les lois justes sont le fruit de la longue durée, de l’unité nationale, et de combien d’affrontements sociaux, politiques et religieux ! Pour prévenir le règne du non-droit et le procès d’illégitimité fait à la justice, il est urgent de remettre le droit dans la Nation, les lois au service du peuple, et la justice au service de l’intérêt national.
La Nation instaure les limites qui sauvent
En 2019, entre la France et la guerre civile, il n’y a plus rien d’autre que la Nation ! La Nation, c’est-à-dire la capacité de Français à dépasser leur intérêt particulier au nom de ce qui les rassemble ; la Nation, comme bien commun plus précieux que tout autre, et contre lequel toute atteinte est une atteinte à chaque Français.
Face à l’occupation financière et bancaire, après le naufrage des religions et des adhésions collectives, seule, la Nation instaure des limites à l’intérêt individuel. Limites physiques de la frontière. Limites morales des traditions, des coutumes, de l’unité nationale. Limites que les lois, l’impôt, l’ordre public et la cohésion sociale imposent. Limites que l’unité interne fixe aux choix individuels, limites qui conditionnent la foi publique, la solidarité, et qui seules permettent des mutualités exigeantes entre citoyens.
Elle s’oppose à cet égard aussi bien à l’Empire qu’à l’individualisme radical, qui veut que la société ne soit que la somme des intérêts particuliers. L’unité nationale, réalisée sur la base d’une langue commune, d’une histoire partagée, d’une mémoire respectée, de mœurs et de traditions reconnues par tous, d’un projet national mobilisateur, d’une préférence nationale qui prime toute origine, toute religion, toute autre appartenance, est la base de la citoyenneté, cette responsabilité du bien commun.
C’est elle qui rend chaque citoyen responsable du territoire où il vit, elle qui le rend conscient d’avoir à transmettre plus riche, plus beau, plus vivant, le patrimoine national qu’il a hérité des générations de citoyens qui avant lui ont travaillé, se sont battus, ont souffert et sont morts pour lui transmettre ce patrimoine — lui, citoyen français, et pas à qui que ce soit d’autre. Il n’est pas d’autre définition des biens communs, des espaces publics, des gratuités d’accès, et de la condition qui les sauvera. La responsabilité de transmettre, antidote à l’individualisme radical, commande la transmission territoriale, politique, morale et spirituelle, qu’elle s’exerce dans le cadre familial, dans celui de la communauté locale, et s’oppose à la politique de la terre brûlée du nomade et du migrant de droit.
Face aux questions écologiques, sociales, face à la perte des libertés et à la corruption par l’argent de l’étranger, la Nation n’est pas le problème, elle est la solution. La sécurité, la souveraineté, l’unité nationales sont les conditions de tout le reste — et d’abord de la survie.
La Nation est la forme politique de l’unité interne et de la diversité externe.
Quand le général de Gaulle affirmait que « la France est blanche et chrétienne », il énonçait une évidence qui n’est plus. Le critère de l’unité nationale était religieux et ethnique, il s’est resserré autour de de l’identité nationale et du projet national ; la Nation unit ceux qui partagent l’essentiel, et ceux pour qui elle est le bien le plus précieux. La France est la Nation de tous ceux pour qui la France est ce qu’ils ont de meilleur, de tous ceux qui sont capables de donner, du temps, de l’argent ou du sang pour que vive la France !
Pour pacifier l’espace public, pour intégrer à la France tous ceux qui ont le droit de se dire Français, il faut que la force du projet national, l’affirmation d’une fierté nationale et l’attraction exercée par le caractère national dépassent tout ce que les origines, les croyances, les appartenances de toute sorte proposent. La Nation est la seule forme politique qui dépasse les singularités individuelles pour fonder le corps national sur le projet collectif, l’être collectif, l’agir collectif — la citoyenneté (18).
La force de l’affirmation nationale est et sera le moyen de sortir de la confusion, de réunir ce qui est séparé, et aussi de se séparer de ce qui doit l’être. La Nation est ce cadre unificateur où les races, les religions, les singularités personnelles ou communautaires, s’effacent derrière la citoyenneté. La Nation en ses frontières est seule capable de rétablir la paix, d’assurer l’égalité, la sécurité et la confiance entre des citoyens qui savent que ce qu’ils partagent est plus important que ce qui les divise. C’est la condition de la paix, de l’ordre et de la liberté.
L’idée nationale, pour rassembler les Français !
La Nation est le salut. Et c’est une idée neuve.
Voilà tracée la voie de la politique de la France. C’est une voie nouvelle. Que l’intérêt national commande ! Que la France partout et toujours défende les Français d’abord !
Que chaque citoyen français soit assuré que la République est avec lui, qu’elle le préfère, qu’elle le choisit, et qu’elle lui donne la priorité sur tout ce qui n’est pas Français ! Qu’il soit certain que sur le territoire français, tout est et sera fait pour lui rendre la sécurité à laquelle il a droit, pour éliminer toute menace venue de l’extérieur, pour terroriser ceux qui le terrorisent et semer la peur chez ceux qui menacent la paix civile, la propriété et la tranquillité de nos territoires !
Qu’il soit tout aussi certain que partout dans le monde, la France défend les Français et leurs intérêts, qu’elle est derrière les entreprises, les investisseurs et les projets français, et qu’elle assure l’unité de l’action publique et privée à leur service quand l’intérêt stratégique de la Nation est en jeu !
Hervé Juvin, Paris, le 2 mars 2019
1 — Sur ce sujet, lire la tribune de Corinne Lepage dans Le Monde, 22 février 2019 : « La France en régression démocratique ».
2 — Jean-Pierre Chevènement, « 1914-2014, L’Europe sortie de l’histoire ? » Fayard, 2012
3 — Wolfgang Shreeck, “How to study contemporary capitalism? ‘form the 10th conference of the European sociological association, Geneva, 10 sept. 2011
4—Jens Beckert, “Capitalism as a system of contingent expectations”, Max Plack Institute, discussion paper, 2012
5 — Voir la critique acérée qu’en fait Yaël Tamir dans Foreign Affairs, ‘Building a better nationalism’ ; elle conclut notamment du discours présidentiel qu’il échoue totalement à faire la différence entre patriotisme et nationalisme !
6 — Eric Zemmour, ‘Destin Français’, Albin Michel, 2018
7 — Sur ce sujet majeur, Hubert Rodarie, ‘La pente despotique de l’économie mondiale’, Salvator, 2015.
8 — Encore en février 2019, dans un discours au Texas.
8 — Sur Jurgen Habermas, voir la revue ‘Esprit’, août-septembre 2015, et les délires du constitutionnalisme philosophique, ce nazisme inversé qui a pollué l’Union européenne.
9 — Lire le délicieux ; ‘Il était une fois l’économie’, PG de Roux, 2015
10 — Par exemple, Marcel Gauchet, ‘Enquête sur le malheur français’, Stock, 2016
11— Paul Thibaud, Le Débat, nov-déc. 2018
12 — Selon Yascha Mounk, le libéralisme s’est retourné contre la démocratie à la faveur notamment de la globalisation. »Le Peuple contre la démocratie », Editions de l’Observatoire, 2018
13 — Relire le discours du général de Gaulle, 1964, ou le Plan Fouchet ; tout y est de l’Europe qu’il faudrait faire… en 2020 !
14 — La loi dite ‘de la singularité’ a été votée par la Knesset le 20 juillet 2018.
15 — Yoram Hazony, « The virtue of nationalism’
16 — Donald Trump a notamment déclaré ; ‘Nationalism? Nothing wrong with it. Use that word!’ dans un meeting au Texas, oct. 2018.
17 — FENL, ‘Le coup d’État du droit’, par Hervé Juvin, mai 2017
18 — A ce sujet, lire Myriam Yardeni, ‘Enquêtes sur l’identité de la Nation France’, Champ Vallon, 2004
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