La France a été le pays de la liberté. Il faut l’entendre dire aux Polonais, aux Russes, aux Arméniens, aux Juifs d’Europe centrale, comme aux réfugiés de toute part, les vrais, qui ont trouvé sur le sol français le grand air de la liberté que leur pays d’origine leur refusait. Des millions de réfugiés politiques, les vrais, persécutés dans leur pays d’origine, fuyant l’Empire ottoman, l’Allemagne nazie, l’Empire soviétique, les agressions islamistes dans les Balkans, ont trouvé en France et en Europe un asile sûr et protecteur. La France et l’Europe sont fières de ce rôle, à juste titre. Et quand ils y manquent, par exemple dans le cas de Julian Assange, poursuivi par la vengeance de ceux dont il a révélé les crimes, ils manquent à l’Europe, et à eux-mêmes.

Liberté contre Liberté

L’Union européenne hérite des promesses de liberté faites voici bien longtemps, quand les Présidents Eisenhower puis Truman se sont employés à faire rentrer l’Allemagne dans le concert des Nations, quand la menace de l’Union soviétique appelait les Nations libres d’Europe à s’unir. Liberté d’opinion, liberté d’association et de réunion, libertés syndicales et politiques ; que le mot « liberté » était beau quand les ennemis de la liberté faisaient face ! Les opposants au régime du Shah comme plus tard les opposants aux ayatollahs tour à tour se sont réclamés de cette liberté, qui n’est d’aucun camp, et d’aucun parti !

Il faut en parler au passé. Au moment où Emmanuel Macron se pose en rempart de la démocratie au Parlement européen, au moment où l’Union sanctionne la Pologne au nom des libertés, le constat est lourd. Liberté contre liberté, tel est le débat politique majeur qui oppose les libertés politiques, celles des peuples à choisir leurs lois, leurs mœurs et leur destin, et celles des individus qui entendent que rien de collectif ne s’oppose leurs désirs, et demandent aux Nations d’honorer des droits qui les détruisent. L’Union contre la liberté des Nations, telle est hélas la figure qui s’impose en Europe. S’il est un bilan des libertés individuelles et publiques depuis cinq ans, il est terrifiant. Le recul est historique. Il l’est en Europe, il l’est en France. Il signifie que notre démocratie a changé, ou que nous sommes sortis de la démocratie. Il signifie que l’exercice du pouvoir a changé, ou que nous avons vécu un coup de force contre la République. Et il signifie que les mots de liberté, de justice et d’égalité ne veulent plus rien dire — quant à la fraternité, Emmanuel Macron s’en est chargé en désignant ceux des Français qu’il faut exclure de la communauté nationale — ceux qui résistent.

NR

Liberticides

Qui a lu le texte de loi sur la Santé publique du 5 août 2021 (3131 — articles de 1 à 15) donnant aux préfets des pouvoirs exorbitants d’isolement et confinement des non-vaccinés ? Qui a étudié la loi sur les Associations du 13 août, et ses articles 12 à 16 qui, sous couvert de la loi sur le séparatisme, mettent fin à la liberté d’association consacrée en France par la loi de 1901, pilier de la République ? Et qui s’est penché sur la loi 3222 sur la Santé publique du 16 janvier 2022, donnant aux préfets la capacité de trier les citoyens français et les non-citoyens, et d’engager un régime de stigmatisation publique à l’encontre des non-vaccinés ?

Les Français vont payer cher de ne pas lire les textes de lois, ou de ne pas avoir de journaux et de journalistes qui fassent le travail pour eux. Quant aux politiques… Tout se passe comme si l’hydre du terrorisme islamique, puis la panique devant la pandémie avaient anesthésié l’opinion et mis fin à tout débat, selon la vieille logique ; la peur donne tout pouvoir à l’exécutif. Ces textes auraient pourtant dû alerter, mobiliser, et travailler l’opinion. La loi sur le séparatisme d’abord. Puis les deux lois sur l’état d’urgence sanitaire, programmé sans fin. Des textes techniques, dont les bonnes intentions apparentes, inattaquables donc en apparence, cachent des dispositions et une posture fondamentalement non démocratiques, destructrices des libertés individuelles et publiques, et lourdement problématiques au regard des fondements de la République.

Le texte sur les associations laisse tout pouvoir au ministre de l’Intérieur pour décider qu’une association menace l’unité de la République, appelle à la violence ou mobilise contre l’État. Au terme de ce texte, toute association qui appelle à une manifestation (par exemple, contre les « bassines » ou les retenues d’eau illégales dans les Deux Sèvres), toute association régionale qui appelle à la décentralisation, toute association qui s’oppose à une décision du préfet, par exemple d’implantation d’éoliennes ou de méthaniseur, peut être condamnée. La sanction est paralysante ; suspension du statut d’utilité publique, donc de déduction fiscale des dons, arrêt des subventions publiques, voire remboursement des subventions passées — en un mot, mort de l’association.

Si un simple appel à manifester, par exemple pour s’opposer à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, avait justifié la sanction, chacun peut deviner ce qui resterait des associations de défense de l’environnement, de celles qui s’opposent aux OGM ou au racket sur le vivant des multinationales ! Soyons clair. La loi sur le séparatisme a été habilement vendue à l’opinion comme le moyen de lutter contre le fondamentalisme islamique. Elle met fin à ce pilier de la vie publique en France, le droit d’association. Faute de désigner explicitement ce qu’il faut combattre, des associations islamistes financées et dirigées de l’étranger, la loi fait peser la menace d’étranglement administratif sur toute association qui déplaît. Et elle ouvre la boîte de Pandore d’un pouvoir sans contre-pouvoir -– tout Français qui a cherché à réaliser un virement vers un pays étranger, pour un loyer ou payer le trimestre d’étude de ses enfants, me comprendra ; le pouvoir inquisitorial donné aux banques, au nom de la « lutte contre le blanchiment », est une atteinte constante et grave aux libertés individuelles — les Français qui seront un jour privés d’accès à leur compte et interdits de retirer leur épargne comprendront ce qui est en jeu.

Comme la lutte supposée contre la pandémie est le prétexte à la proclamation d’un état d’urgence illimité, et à la confiscation des libertés publiques et individuelles également illimitée, la lutte contre le séparatisme justifie un arbitraire quasi total des préfets pour interdire ou sanctionner toute association, tout mouvement, pouvant être supposé d’attenter à l’unité de la république — une unité jamais définie, mais dont chacun comprend que MM. Macron et acolytes en ont la définition bien en mains, et qu’ils peuvent et entendent la manipuler à leur gré.

afp.com/ludovic MARIN

La fin de la vie démocratique

Soyons clairs ; s’il s’agissait d’étouffer ce qui reste de vie démocratique, de débat citoyen et de militantisme de terrain, impossible de faire mieux ! Inutile de rappeler ce qu’il advient à la liberté de conscience des médecins, et à leur liberté de prescription — de prescrire ou ne pas prescrire ; renforçant le pouvoir d’un Conseil de l’Ordre crée sous la France de Vichy, c’est une véritable Inquisition qui s’abat sur tout médecin suspect de ne prescrire sur ordre — et de ne pas devenir complice des Big Pharma. Le capital était protégé contre la loi, les dividendes sont protégés contre le souci de soigner des médecins, et voilà ce qu’Emmanuel Macron appelle le progrès.

Les textes sur la santé publique sont tout aussi aberrants et termes de droit et violents en termes politiques. Deux textes qui n’ont suscité à peu près aucun commentaire sur le fond, encore moins de froncements de sourcils du côté des juridictions suprêmes, Conseil d’État et Conseil Constitutionnel, il est vrai tout à leur tâche de priver les Français de leur liberté d’expression, avant, si possible, de les priver du droit de vote, comme M. Laurent Fabius l’a fortement laissé entendre. De Jean Foyer à Laurent Fabius, la pente est forte en effet, et elle est aisée ; elle descend. Autoriser les préfets à décider de l’enfermement administratif, du placement en résidence forcée, ce que certains traduisent par la déportation de familles résistant à l’obligation vaccinale.

Autoriser les mêmes préfets à prendre des mesures discriminatoires, dans tous les domaines à l’encontre des personnes non vaccinées, allant de fait jusqu’à les exclure de toute vie sociale ; sans rappeler « les jours les plus sombres de notre histoire », ce n’est pas rien d’affirmer qu’il y a deux catégories de Français, d’autoriser une autorité administrative à saisir des biens, bloquer des comptes, supprimer la liberté de déplacement, de réunion, y compris dans le cercle familial, ce n’est pas rien de suspendre l’autorité des parents sur les enfants, et d’instaurer une dictature sanitaire dont les prétextes sont pour le moins fallacieux, les vaccinés étant aussi contagieux que les autres et semblant plus exposés au virus Omicron que les autres, y compris sous ses formes graves !

Le débat ne pourra pas être évité. Qu’est-ce qui a conduit le Président de la République lui-même à se faire le représentant des Big Pharma, par exemple en allant ordonner au nouveau gouvernement de la Bulgarie des mesures de vaccination obligatoire ? Quelles influences, quel mot d’ordre, ou quels intérêts, peuvent décider le Conseil à scientifique à proclamer comme vérité scientifique des mensonges ou une propagande élaborée dans les agences de publicité des Big Pharma ?

Et quelle éclipse de conscience explique le suspens de juridictions suprêmes, par ailleurs si promptes à dénoncer la moindre entorse aux libertés publiques, par exemple en matière d’accueil des migrants ? Faut-il croire que les Français sont la cible désignée de ceux qui veulent se venger de la France, en finir avec toute résistance, et réduire à rien les Gaulois réfractaires, ces Gilets Jaunes qui ont fait trembler le bourgeois du VIIè arrondissement ? Quand l’état d’exception devient l’état ordinaire, quand la sécurité justifie toutes les privations de liberté, quand la peur fait sauter toutes les limites au pouvoir administratif, ceux qui parlent encore de démocratie se désignent eux-mêmes comme les fossoyeurs de l’Europe.

Hervé Juvin, 22-01-1956

Catégories : Société

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