Les signes ne datent pas d’hier, mais ils se multiplient et se précisent. Parce que la France, malgré le retour dans l’OTAN, malgré les actes de soumission répétés à l’Empire, dont le moindre n’est pas la vente d’Alstom Énergie à General Electric, malgré l’alignement sur le régime de sanctions américaines à l’égard de la Russie, de l’Iran, etc., garde encore un attachement à sa souveraineté, un souvenir du non — alignement, et, surtout, un État encore en relatif pouvoir de contrôle de son territoire.

Alstom et General Electric • © Thomas Padilla et Alexandre Marchi/Max PPP

La France est encore trop souveraine

Non seulement l’État lève l’impôt, mais la France demeure une Nation unie, la France a relativement préservé un modèle de solidarité qui a fait ses preuves, mais la France n’a pas sacrifié encore tout à fait sa société à son économie ; ajoutons que, malgré tous leurs efforts, l’élite qui entend gérer la France pour le plus grand profit des maîtres de la globalisation n’est pas parvenue à s’assurer la collaboration des Français ; des Gilets jaunes aux associations écologistes protectrices du territoire, et de la France insoumise au Rassemblement national, la dissolution de la France dans la ferme mondialisée passe mal, et l’esprit de Résistance n’est pas mort !

Voilà pourquoi les agressions contre l’État républicain, l’État laïc, et la France se multiplient. Elles concernent l’énergie, avec EDF et le nucléaire, l’armement, le maintien de l’ordre public, la justice, la fonction publique et ses missions, c’est-à-dire les fonctions régaliennes et les secteurs stratégiques. Elles se déroulent sur fond d’offensive idéologique des mal nommés « progressistes » qui affirment sans ambages que souveraineté, indépendance, autonomie sont autant de vieux mots pour de vieilles idées ! Elles bénéficient de la pandémie, qui pousse à la résignation, et à l’alignement ; d’ailleurs, le salut vient de vaccins américains, à l’exclusion des vaccins chinois ou russes ! Tout démontre pourtant qu’elles sont vaines, et que l’affirmation sourcilleuse de son indépendance, la poursuite en toute circonstance de l’intérêt national et la primauté de la souveraineté sur tout engagement et tout lien, sont des conditions effectives du respect et de la coopération.

Au moment où nous saluons la vente de 18 Rafales par la France à la Grèce, quatrième client de l’avion français, et espérons les commandes de l’Inde et de l’Indonésie, voire d’autres pays européens, comment ne pas constater que l’indépendance paie, que l’affirmation sourcilleuse de la souveraineté paie, et qu’une France alignée est moins que la France, et ne sera jamais toute la France ? Qu’il s’agisse des ventes d’armements terrestres et de systèmes d’armes, qu’il s’agisse des ventes de sous-marins ou de bateaux, et de la Grèce au Brésil ou de l’Égypte à l’Indonésie, tout indique que la France libre de toute intégration à des dispositifs internationaux, libre à l’égard de ses partenaires européens comme de l’alliance transatlantique, est une France qui gagne, quand une France intégrée à des systèmes qu’elle ne pilote pas est une France qui perd.

La France ne peut être qu’une Nation libre

Face aux agressions que perpètrent ONG financées depuis l’étranger contre nos forces de l’ordre, nos entreprises nationales, notamment d’énergie et de transport, face au terrorisme juridique américain que l’administration démocrate va réveiller, à l’encontre de groupes français de la banque, du BTP ou de l’ingénierie, face aux intrusions européennes illégitimes, par exemple pour le démantèlement d’EDF, la privatisation des barrages, l’interdiction des préférences locales (voir le conflit qu’ouvre la Commission avec la Tchéquie qui a décidé que 50 % de l’alimentation devait être produit sur le territoire national) ou la privatisation des biens communs des Français, la France doit regarder lucidement le rapport coût-bénéfice d’une souveraineté conservée ;

1 — La parole donnée. L’engagement dans la durée de la Russie avec ses alliés contraste avec les reniements multiples des États-Unis, le pire ayant été l’abandon des engagements du Présient Wilson dans la Société des Nations et le maintien de l’ordre en Europe ; le nazisme est sorti du reniement américain. Seul, un État souverain libre de ses engagements rassure ses alliés, seul, il peut garantir son soutien en toutes circonstances. La France doit tirer toutes les conséquences de l’inconséquence de l’Union européenne à l’égard de la Turquie ou du fondamentalisme musulman.

2 — L’excellence unique. Les alliances, les fédérations, les systèmes internationaux, sont de puissants outils à conformer, moyenner, aligner. L’expérience comme le bon sens commandent de le dire ; l’alignement se fait rarement sur le meilleur, et la conformité exclut l’excellence. L’OTAN est une machine à banaliser, moyenner, aligner, elle a peu de chances d’atteindre l’excellence ! Et voilà comment l’isolement renforce la Russie, et voilà comment les avancées solitaires, ni partagées, ni alignées de la Russie dans le domaine satellitaire, dans celui des communications du champ de bataille, dans celui des missiles, etc., la met hors de portée d’une quelconque agression. Tout indique que seule, la France trouverait plus de champs d’excellence, réaliserait plus de percées décisives, qu’elle ne pourra jamais le faire enchaînée à l’Allemagne et à l’OTAN. Et pourquoi un champion accepterait-il de se laisser lier les mains ?

Netanyahy négocie lui même auprès de Pfizer
Prime Minister Benjamin Netanyahu receives his second shot of Pfizer-BioNTech’s coronavirus vaccine at Sheba Medical Center in Ramat Gan on January 9, 2021. (Amos Ben-Gershom/GPO)

3 — La singularité. Chaque Nation est une, et chaque Nation est une autre par rapport aux Nations. La singularité est une ressource, c’est peut-être la ressource stratégique majeure. L’histoire des percées conceptuelles de la Russie, de la Chine, d’Israël, de bien d’autres, sera écrite un jour. Elle exprimera dans doute ce que la passion nationale, la profondeur culturelle, le ressort identitaire, sont capables de provoquer, de découvrir et de réaliser.
Il n’y a pas de pensée stratégique sans culture, et les grandes traditions stratégiques s’en racinent dans des siècles, sinon des millénaires de traditions, de pratiques, et de combats. Qui considère les effets géoéconomiques et géopolitiques de la pandémie de COVID19 ne peut que se souvenir de l’art chinois de la guerre gagnée sans combats, par la décomposition interne de l’adversaire. Qui observe la réalité des décès dus à la pandémie et de leur âge moyen ne peut qu’interroger l’opération de communication qui génère des effets de panique généralisés dans les pays repus, comblés et d’autant plus prêts à sacrifier leurs libertés à leur confort.

L’excellence stratégique comme la dissuasion ne s’affirment que dans la séparation, la distinction, et la préférence pour soi. L’indépendance naît de l’utilisation raisonnée de ces singularités, de ces excellences traditionnelles et des ressources collectives qu’elles mobilisent. Voilà pourquoi la France doit considérer sa souveraineté et son État comme des éléments décisifs de sa puissance et de sa richesse.

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