Mini session plénière à Bruxelles la semaine dernière. Le débat et l’adoption d’un « New Green Deal » marquent l’entrée en action de la nouvelle présidente de la Commission, Mme Van der Leyen, et le vrai début de la législature. Et le fait que le dérèglement climatique et l’objectif d’une économie européenne décarbonée à l’horizon de 2050 prennent la première place dans l’agenda de la Commission n’est pas le fait du hasard.
C’est pour moi l’occasion d’expliquer notre position et de poser les grands principes de notre action en matière d’écologie, que nous aurons maintes occasions de développer ensuite.
Le moment pour un green deal ?
Je tiens d’abord à souligner l’importance du moment que nous vivons. Depuis des années, je considère que l’écologie, science des systèmes vivants complexes, doit devenir la science de référence du politique et de l’économie. Symboliquement du moins, nous y sommes. Jusqu’où ce symbole va-t-il déterminer la réalité ? Le discours de la Présidente mêle habilement affichage écologique, bonne volonté sociale et souci de renouer avec la croissance. Bon courage pour concilier l’inconciliable. Nous attendrons de voir, mais nous serons attentifs.
J’intervenais hier en #PlenPE lors du débat sur le pacte vert pour l’Europe
— Hervé Juvin (@HerveJuvin) December 12, 2019
🔵 "Le nucléaire civile et militaire sont liés. C’est pour nous, une énergie d’avenir c’est aussi pour nous la condition de l’indépendance stratégique de la France. » #transitionenergetique #Energie pic.twitter.com/I1xLTQon7o
Si le groupe Identité et Démocratie est d’accord sur un sujet, c’est bien sur notre défiance commune à l’égard des grandes machines mondialistes et de ces déclarations si pleines de bonnes intentions qu’elles sont sans portée réelle. Nous constatons l’incapacité des pays qui participent à la COP de Madrid de se mettre d’accord.
C’est pourquoi je crois nécessaire de le rappeler : le changement climatique n’est ni le seul, ni le plus important des enjeux écologiques auxquels nous faisons face. L’empoisonnement des eaux, des sols et des airs ; la course au moins disant des traités de libre-échange ; les effets de la surconcentration des entreprises industrielles et de service, de plus en plus en situation de capture réglementaire vis-à-vis des Etats et des institutions ; l’extinction de la diversité des sociétés humaines, plus encore que celle des espèces animales et végétales, menace plus que la beauté du monde, notre survie elle-même.
La planète peut satisfaire les besoins de 15 milliards d’Hindous végétariens qui vivent dans la frugalité une existence transitoire. Elle ne pourrait satisfaire les désirs sans limites de 2 milliards de Californiens pour qui la vie est un raid où chacun doit prendre tout ce qu’il peut. L’uniformisation des modes de vie sur un modèle énergétivore — quel drame que la climatisation généralisée ! – est directement à l’origine des urgences environnementales. Et tout ce qui consiste à unifier, à rapprocher et à conformer est une insulte à l’environnement.
Voilà ce qui nous conduit à dénoncer l’escroquerie globaliste qui se cache derrière les campagnes d’alerte sur le climat. L’écologie est affaire de local, de singularités, et de choix collectifs. La supercherie consiste à affirmer que le dérèglement climatique ne s’arrêtant pas aux frontières, les solutions sont globales, et ne peuvent venir que d’organisations mondiales qui ne connaissent pas les frontières ni la souveraineté des États, pas plus d’ailleurs que la démocratie !
C’est tout le contraire. Seuls, des États en pleine possession de leurs territoires peuvent contrôler, gérer, limiter les activités des entreprises ou de leur population. Seules, des Nations garantes des frontières et de l’identité de leurs peuples peuvent préserver leur culture, leur civilisation, et la différence de leur mode de vie. Et seules, des familles qui transmettent la responsabilité des territoires pour les transmettre plus beaux, plus riches et plus vivants à leurs enfants et petits-enfants peuvent faire face aux questions écologiques. J’ajoute que nulle part, la solution au changement climatique et à l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère ne peut se concevoir sans tenir compte de la géographie, de la faune et de la flore, des modes de vie et des choix collectifs locaux. Quel symbole de l’impuissance des grandes machines mondialistes que l’échec de l’accord de Paris (2015) malgré les communiqués retentissants, dont les objectifs ne seront pas tenus, et dont la plupart des participants ne tiennent même pas la direction souhaitée !
Une exigence écologique qui ne doit pas être punitive
Je tiens à exprimer notre attention sur quelques points clés.
Trop souvent, l’exigence écologique est détournée au profit des multinationales et des acteurs dominants, tout simplement par la complexité des règles et des normes. Nous serons attentifs à ce que les PME qui font la vie sur nos territoires ne soient pas étouffées par un surcroît de règles, de contrôles et de normes qui favoriseraient les seules grandes entreprises.
Nous serons plus attentifs encore sur la fameuse « taxonomie » qui entend définir ce qui est vert et ce qui ne l’est pas. Trop d’exemples d’escroqueries, de capture réglementaire et d’opérations d’influence se sont déroulés sous prétexte écologique pour que nous soyons naïfs. Nous voyons déjà le monde financier se frotter les mains à l’idée des centaines de milliards que l’Union s’engage à dépenser pour des objectifs aussi incertains que lointains — les commissions des intermédiaires financiers elles seront bien réelles, comme les revenus des ONG et des agences qui leur décerneront leur certificat de bonne conduite écolo !
Nous voyons l’éolien terrestre et maritime, qui saccage les plus beaux paysages de France à un coût démesuré, pour moins d’une semaine de consommation d’électricité ! Nous voyons le cas du moteur électrique, désastreux si ses batteries sont chargées à partir de centrales à charbon ou à gaz ; celui des biocarburants, au rendement énergétique catastrophique, et pour lequel on dévaste des forêts et stérilise des terres ; et nous suivons plus encore du combat contre le nucléaire, si bien alimenté par ceux qui veulent en finir avec l’indépendance de la France et savent que le nucléaire militaire n’existe pas sans le nucléaire civil ! L’abandon du sujet à des Fondations et des ONG financées depuis l’étranger devrait rendre plus prudente la Commission européenne, plus défiant le Parlement qui jonglent avec les milliards des citoyens de nos Nations.
Enfin, nous refuserons toute disposition qui, sous couvert de bonne conscience verte, porterait atteinte aux coutumes, aux traditions, aux pratiques artisanales et au mode de faire agricole ou gastronomique de la France. C’est la diversité de nos régions, de nos campagnes, qui est en jeu, et c’est ce trésor européen que le rouleau compresseur de la conformité et de l’uniformisation menace d’écraser. Nous ne laisserons pas faire.
Une écologie humaine
L’écologie politique que nous proposons est d’abord une écologie humaine, qui place au premier plan le respect des peuples et de leur diversité, diversité des mœurs, des croyances et des traditions, des régimes politiques, diversité des systèmes économiques, juridiques et sociaux.
Les écologistes authentiques sont ces Européens enracinés dans une région, une ville, un village, qui sont de quelque part, et qui veulent demeurer chez eux. Plus encore que la diversité animale et végétale, la diversité qu’ils représentent est notre meilleur garant ; nous survivrons parce que les hommes n’aspirent pas tous au même modèle de consommation, parce que tous les hommes ne sont pas des Américains comme les autres !
C’est une écologie locale, qui fait revivre ces accords forgés par l’histoire entre une population et un climat, une terre, des ressources fournies par la nature — cette culture qui se traduisait par des modes d’exploitation, d’habitat, de transport, d’alimentation, partout adaptés à l’environnement, avant que la concentration industrielle et la pression des multinationales n’en finissent avec le local, n’imposent la concentration des populations dans les métropoles, et réalisent cette sortie de la nature dont la climatisation est le meilleur exemple !
Plus encore, c’est une écologie choisie, l’inverse de l’écologie punitive, qui fait peser sur les populations rurales, territoriales, tout le poids des exigences non soutenables de métropoles hors sol. Parce que nos concitoyens sont de plus en nombreux à vouloir une alimentation saine, des chants d’oiseaux dans les jardins et des abeilles autour des fleurs, parce qu’ils sentent que le contact direct avec la nature, des arbres, un lac, une grande marée, procure des joies qu’aucun écran ne peut donner, notre écologie politique rendra désirable ce qui est nécessaire, et qui peut être vital.
Voilà pourquoi la science de l’écologie est la référence de nos choix politiques et économiques.
Cette science enseigne d’abord que la diversité collective est un bien supérieur ; supérieur au développement, supérieur aux Droits individuels, supérieur à la démocratie libérale, parce qu’il est le trésor de l’humanité, un trésor que l’uniformisation détruit.
Elle enseigne ensuite que tout écosystème durable doit sa stabilité à sa séparation d’avec les autres écosystèmes, ce que réalisent la frontière dans l’espace, l’identité dans le temps.
Elle enseigne enfin que nous n’en avons pas fini avec la terre qui est sous nos pieds. Nous ne sommes pas des hommes hors sol, en orbite dans le virtuel, pas plus que des êtres artificiels, et c’est le lien avec la nature, un climat, une terre, qui nous libère et qui donne tout son sens à notre liberté politique.
Hervé Juvin,
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