9 — « Chacun a droit à la poursuite du bonheur partout dans le monde »
L’image est belle, elle reçoit le renfort de l’imagerie mystique des origines des États-Unis d’Amérique. La réalité historique est que les colons ont exterminé sans recours des Indiens qui, souvent, les avaient aidés à survivre aux premiers et terribles hivers de la Nouvelle-Angleterre, les avaient guidés et sauvés dans un environnement infiniment hostiles pour ceux qui l’abordaient avec des Bibles, mais sans outils ni semences.
Le progrès du monde est le fait de ceux qui se tenaient pour responsables de leur territoire, qui ont éliminé ceux qui prétendaient en accaparer les ressources et le tourner à leur avantage exclusif. Le droit à la mobilité individuelle détruit toute mutualité. Il fait de l’individu le pire ennemi du citoyen et du libéralisme le plus grand danger qu’affronte la démocratie — la capacité des citoyens à décider eux-mêmes de ce qui les concerne. Quel message pour nous que ces guerriers des îles Andamans (Northen Island) qui ont éliminé à coup de flèches, en 2018, un Américain illuminé venu leur prêcher le salut et les convertir à la civilisation — c’est-à-dire détruire leur civilisation !
10 — « Ceux qui sont en danger méritent d’être sauvés »
Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes ; le principe de droit s’applique parfaitement à ceux qui mettent leur vie en danger pour exercer un chantage sur ceux qui sont supposés les sauver d’eux-mêmes. C’est le levier qu’utilisent les mafias dont tout témoigne qu’elles sont en relation permanente avec les ONG qui vont envoyer leurs bateaux « sauver » les migrants qui forcent le passage en mettant leur vie, celle de leurs enfants ou de leur compagnes en balance (les services italiens témoignent des très nombreux appels téléphoniques entre ONG et organisations des passeurs, avec organisation de véritables rendez-vous en mer, qui leur permettent d’anticiper des départs en masse des côtes libyennes, encore en avril 2019).
Ce chantage moral est aussi condamnable que tout autre. Il fait l’objet d’une exploitation sans limites par le couple infernal des réseaux criminels et des ONG préposés à leur service. En l’occurrence, la fermeté dès l’origine aurait été la meilleure expression de l’humanité ; si dès le début les organisations criminelles avaient été convaincues qu’on ne passe pas, et que leurs chances de gain étaient minimes, jamais la crise des migrants n’aurait eu lieu. L’Europe paie la lâcheté, ou la complicité de ses dirigeants, aux ordres injustes du capitalisme mondialisé.
11 — « Nous respectons toutes les différences »
L’affirmation est partout ; le respect des différences serait le principe de nos sociétés. L’inverse est vrai, comme l’écrivait René Girard ; « nous prétendons respecter toutes les différences, mais nous n’en respectons réellement aucune » parmi celles qui font réellement une différence, comme la foi religieuse, la fidélité nationale, des modes de vie hors marché. L’idéologie des droits individuels est la négation des droits culturels ; de ces droits qui sont collectifs, territoriaux, ethniques, déterminés et transmis.
De ces droits collectifs qui supposent des frontières tenues, l’élimination des menaces invasives, celle de la finance mondialisée, celle des ONG dont les milliards entendent disposer de la liberté et de la conscience des peuples, celle des religions conquérantes et des fondamentalismes, comme celle des migrations de peuplement. La primauté, et parfois le terrorisme, des différences individuelles promet la destruction des différences culturelles qui sont collectives, des différences politiques, nationales, sociales, juridiques, qui sont l’expression de la liberté politique et qui ne durent ni ne valent sans que la loi du plus grand nombre, de la tradition et des préférences collectives ne l’emportent ici et pour ceux qui disent « nous ».
12 – « Les migrations font l’unité du monde »
C’est le meilleur moyen d’annoncer la fin du monde comme nous le connaissons, et de l’expérience humaine telle que nous la connaissons. L’uniformisation des sociétés humaines est le processus totalitaire en marche. C’est un processus de mort ; mort de la liberté politique d’abord, mort de a diversité culturelle ensuite, mort tout court enfin. Si tous les hommes sont mus par le désir des mêmes choses, si l’unité du genre humain signifie que l’économie a pris le pouvoir et que la croissance sans limite est le moteur de l’action et le garant de la paix, alors l’effondrement des systèmes vivants est programmé à brève échéance et la confrontation des sociétés humaines à leur survie signifie la guerre de tous contre tous – et le retour de la population humaine au niveau compatible avec les ressources vivantes.
La biodiveristé est importante ; la diversité des sociétés humaines, des modèles de vie, des idéaux qui animent les hommes, est plus importante encore ; que tous les hommes ne partagent pas les mêmes désirs des mêmes choses est la seule garantie de survie que l’humanité puisse avoir, une garantie que l’extension du modèle de marché ne cesse de compromettre chaque jour, que l’obligation de se développer détruit à toute vitesse, que l’imposition de l’individu de droit et du chèque en blanc qu’il offre sur des ressources finies.
Droit d’ingérence, devoir de protéger, assistance au développement, « good governance », auront été les subterfuges qu’un capitalisme criminel aura utilisé pour dissimuler une entreprise de destruction de la vie proche de son achèvement.
Le combat qui nous est imposé est un combat pour la survie de la France comme France et de l’Europe comme Europe. La tolérance aux migrations représente une stupéfiante destitution des peuples, des Nations et des démocraties. Une composante essentielle de leur destin leur est enlevée. L’histoire sera impitoyable pour la faiblesse de dirigeants qui n’ont pas su payer le prix de la liberté, de l’unité et de la sécurité de leurs peuples. Il n’est pas trop tard pour nommer l’ennemi, pour affronter l’ennemi, pour repousser l’ennemi. Il n’est pas sur les bateaux qui tentent le passage, il n’est pas dans les cars ou les camions qui traversent le Sahara, appelés par les passeurs. Il est dans chacun de nous, dans la complaisance que nous accordons à notre propre destruction, dans la fascination que nous éprouvons pour notre propre disparition, et qui restera le mystère européen d’un siècle qui lui tourne le dos.
Hervé Juvin
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