La décapitation d’un enseignant par un jeune d’origine tchétchène a bouleversé la France. Elle a indigné les Français. Et elle a suscité de la part de tous les dirigeants politiques les fortes paroles sur la République, la laïcité, la liberté d’expression, la grandeur du métier d’enseignant, qu’appelait l’émotion collective.

« Ils ne passeront pas »

La phrase la plus importante a été prononcée par le Président de la République, Emmanuel Macron ; « ils ne passeront pas ! » Pour l’avoir employée lors d’un meeting à la Mutualité, à l’occasion du lancement de la campagne conduite par Jordan Bardella pour les élections européennes, j’avais été accusé par la presse de reprendre un discours d’extrême-droite. Les choses ont-elles à ce point changé, et la lucidité est-elle désormais si bien partagée ?

Âgé de 47 ans et père de famille, Samuel Paty enseignait l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC) au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine.
Âgé de 47 ans et père de famille, Samuel Paty enseignait l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC) au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine. (Photo Flickr)

Nous le saurons bientôt. Car « ils ne passeront pas » a un sens, ou n’est qu’une formule creuse. « Ils ne passeront pas » signifie que les candidats à l’immigration illégale, ceux qu’on nous dit d’appeler « les migrants », et dont l’immense majorité viennent de cultures, vivent selon des mœurs et adhèrent à des religions qui ne sont pas les nôtres, ne pourront plus forcer l’entrée sur le territoire français et prétendre y rester. Car « ils ne passeront pas » interroge la présence en France de l’assassin de l’enseignant, né à Moscou, Tchétchène de religion musulmane ; que faisait ce « réfugié » en France ?

Car « ils ne passeront pas » exprime une vérité sans compromis ; la séparation est la seule solution qui permette la coexistence de ceux que tout, la religion, les mœurs, les convictions, les choix de vie, distinguent ou opposent. La séparation physique qu’instaure la frontière, la séparation politique que signifie la citoyenneté, ont depuis des millénaires cette fonction vitale ; faire que ceux qui ne peuvent vivre ensemble, côte à côte, vivent séparés. Chacun chez soi parmi les siens ; voilà depuis des millénaires la solution de la paix. Nous payons de l’avoir oubliée.

Toutes les religions ne sont pas solubles dans la laicité

Combien de morts, combien de drames encore, avant d’en finir avec l’illusion criminelle de l’unité planétaire et de la dissolution des séparations dans un grand tout mondialisé ? Hannah Arendt l’a écrit ; « ce n’est pas l’homme, ce sont des hommes qui peuplent la terre ». Le respect des religions, de toutes les religions, appelle le réalisme. Toutes les religions ne sont pas solubles dans la laïcité à la française, et toute religion qui affirme la sujétion du politique au religieux est incompatible avec la République. Le problème français est que les dirigeants ne savent plus ce qu’est une religion, le tout d’une vie, ce qui justifie de tuer ou de mourir pour un Dieu qui est plus que la vie, le pouvoir, ou l’intérêt.

Grozny ils ne passeront pas
Grozny, tchétchénie

D’où cette incompréhension, qui devient dramatique ; ce n’est pas parce qu’ils ont la Sécu, l’allocation logement et le RSA que ceux qui croient renonceront à leur croyance. Le matérialisme est le pire guide pour affronter la question religieuse ! Tous ne sont pas les bourgeois versaillais, le dimanche à la religion de Dieu, la semaine à la religion de l’argent ! D’où une légitime insistance sur la laïcité, mais qui peut devenir redoutable ; que sont quelques décennies de laïcité face aux siècles, aux millénaires, des grandes religions ?

Elle peut devenir redoutable, quand la démographie l’affronte. Car affirmer la laïcité devant plusieurs millions de musulmans, dans un pays où juifs et chrétiens ont seuls été partie prenante au pacte républicain, n’a rien à voir avec la même affirmation devant des minorités sollicitant leur admission au pacte national ; le poids démographique change la donne, et la montée en puissance de l’Islam, partout dans le monde, n’y est pas pour rien. L’Islam est une religion qui est tout ce que doit être une religion ; l’admettre est la première condition d’une politique réaliste.

Pour la France d’aujourd’hui, le respect passe par la séparation. Sinon, le conflit est inéluctable. Son issue aussi — la soumission. Seuls, en doutent ceux qui ignorent ce qu’est une grande religion, comme l’est l’Islam, comme l’a été le christianisme – c’est-à-dire, désormais, la majorité de ce qui parle, publie, et dirige.

Stopper le pacte sur les migrations

Que faire donc ? Accepter la séparation. C’est-à-dire, accepter que ceux qui n’ont rien à voir avec la langue, les mœurs, l’identité française, n’entrent pas en France. C’est-à-dire d’urgence, renvoyer à la réalité la Présidente de la Commission européenne, Mme Van der Leyen, et son projet de pacte sur les migrations, qui instaure de fait un droit individuel illimité à l’immigration, interdit les expulsions d’étrangers en situation irrégulière et appelle même à organiser le transport des volontaires à l’immigration ! Le projet de la Commission est le projet du nouvel esclavage, les pays riches attirant les enfants qu’ils n’ont plus.

Marine Le Pen. © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Après ce qui s’est passé, et après tant d’années d’agressions et de crimes terroristes, qui peut accepter l’ouverture des frontières de l’Union européenne aux immigrés illégaux, qui peut accepter que des rives sud de la Méditerranée, des millions d’immigrés, très majoritairement musulmans, se voient ouvrir l’accès à l’Europe, sans que les bateaux soient saisis et leurs passagers reconduits à leur point de départ, les trafiquants et leurs complices des ONG poursuivis et condamnés, et les pays d’origine sommés d’accepter de reprendre leurs ressortissants, incités fermement à contrôler leurs propres frontières ? Ceux qui font la promotion du pacte sur les migrations sont complices d’une escroquerie politique.

Le Pacte de Marrackech signé en catimini par l’obscur ministre du Tourisme de l’époque, M. Lecornu, était présenté comme une déclaration d’intention sans portée juridique ; et le voilà bientôt transformé en directive européenne, imposée à tous les États membres ! Ses promoteurs sont les complices de la montée des tensions internes, et des affrontements qui ne peuvent manquer de se produire. Nous devons respecter ceux que nous invitons chez nous ; si nous ne voulons pas les respecter, dans leur foi, dans leurs mœurs, dans leurs choix, mais les caricaturer, ne les invitons pas, ne les acceptons pas ! Et que nul n’entre, s’il n’y est invité ! C’est la voie de la paix civile, et c’est la voie du respect de la diversité humaine. Il n’en est pas d’autre que la séparation.

« Ils ne passeront pas » ; que les députés européens s’en souviennent quand ils débattront du projet de la Commission ! Qu’ils la répètent, quand les pires ennemis de l’Europe poursuivront leur travail de destruction des Nations et d’effacement des identités nationales ! Et qu’ils s’interrogent ; que signifie appel à la liberté d’expression, quand de toutes parts les projets se multiplient pour étouffer ce qui reste de la liberté de débattre, d’informer et de dire ?

Qu’il s’agisse de la loi qui sanctionne toute mise en cause des modalités de l’avortement, de celle qui assimile toute critique du mouvement LGBT à l’antisémitisme, et veut supprimer toute mention de « père » et de « mère » dans les documents officiels, de celle qui réprime toute allusion à la « race » — bon courage pour enseigner l’histoire ! – le recul de la liberté d’expression sera l’une des évolutions les plus étonnantes et les plus violentes de ce début du XXIe siècle en France et en Europe. Appel ici à diffuser les caricatures de Mahomet, et là interdiction de toute expression qui puisse choquer d’autres communautés ou manifester un désaccord ; la liberté d’expression ne se divise pas. Le séparatisme et le communautarisme ne sont pas le monopole des musulmans. Faut-il s’étonner s’ils sont nombreux à conclure que seule, leur religion est visée, et s’indignent d’avoir à choisir entre l’Islam et la République, après s’être si longtemps entendu dire qu’ils étaient chez eux en France et que le seul problème était celui de Français hostiles à l’Islam ?

L’émotion est mauvaise conseillère. La confusion du « en même temps » est une formule de prise de pouvoir, elle est la pire ennemie du bon gouvernement. La France s’y englue. Ceux qui veulent toucher à la loi sur la laïcité devraient avoir la main qui tremble. Car nul ne touche à ces sujets sans en être aveuglé. La République française a deux siècles, et combien agités ! Combien de millénaires derrière l’Islam, la Chrétienté, le Judaïsme, le bouddhisme, l’hindouisme ?

Qu’avant de rouvrir le front que la loi de 1905 a refermé, elle hésite à deux fois, qu’elle regarde sans ciller une situation essentiellement due à l’ouverture des frontières, et qu’elle décide d’abord et avant tout de fermer la porte à toute immigration qu’elle n’aurait pas choisie, voulue et contrôlée. C’est la condition de l’assimilation ; que la France soit forte, et qu’elle demeure elle-même. « Ils ne passeront pas » ; c’est la seule et forte formule que les députés français au Parlement européen devraient prononcer quand il s’agira de repousser le projet de la Commission, pour sauver la France et l’Europe.

Hervé Juvin

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